Cela faisait un moment déjà qu’Athénodore attendait Narcisse maintenant. Il lui avait donné rendez-vous dans une ruelle avoisinant la supérette du quartier pauvre depuis maintenant une demi-heure, et pas bien patient, l’idée de voler une vulgaire machine à bonbons pour satisfaire les envies étranges de leur étoile capricieuse ne lui plaisant guère, il se décida à lui renvoyer un message dans les règles de l’art :
" Narcisse-chou, pourrais-tu m’honorer de ta douce présence ? Tes doux éternuements me manquent. "
Fier, ses lèvres s’étirèrent en un rictus amusé en imaginant l’homme qui allait l’accompagner dans sa lourde tâche lire le message. Il comptait bien se venger de ce retard, il n’avait pas que ça à faire après tout. Enfin, lorsque celui-ci arriva, le blond, habillé d’une magnifique jupe bleu marine pour l’occasion, croisa les bras sur sa chemise blanche.
“ Tu abuses, maintenant viens. Je te fais la courte échelle. ”
Il n’eut pas à attendre pour attraper le pied du plus petit et le hisser sans aucun mal par la lucarne des toilettes qui se trouvaient toujours ouvertes pour une raison d’odeur sans aucun doute. À son tour, il grimpa sur le rebord et faute de place, passa la tête la première par la fenêtre, se rattrapant de justesse grâce au brun en posant ses mains sur ses épaules.Il descendit donc avec grâce et élégance, si bien qu’une fois les deux pieds sur le même côté de la cuvette -une magnifique idée en soi l’on voyait sa composition presque entièrement faite de plastique- celle-ci s’arracha du sol pour finir sur le côté, Athénodore assit sur celle-ci alors que le tuyau des canalisations expulsait l’eau à travers la pièce, ou plus précisément sur les vêtements de Narcisse. Honteux, le blond attrapa le trône et le replaça à la hâte, de sorte à cacher l'inondation et coincer le tuyau pour éviter qu’il ne gicle encore trop longtemps.
“ Bon. Je ne sais absolument pas s'il y aura une machine à bonbons. On verra bien. ”
Il jeta un coup d’oeil rapide aux vêtements de son camarade, puis se racla la gorge sans même un pardon, époussetant sa jupe et sortant des toilettes comme le ferait la plus gracile des mannequins.
narcisse avait franchement envie de mourir. sirah - leur douce et aimable étoile - leur faisait faire n’importe quoi depuis que leur cercle s’était créé, et la tâche du jour était de lui ramener une machine à bonbons. bien sûr, c’était normal que le rêve d’une gamine soit de pouvoir manger une montagne de bonbons tous les jours, mais… quand même. putain. bon, c’est pas grave. bien obligé, il rejoint donc athénodore près d’une supérette des cdc, mains dans les poches et putain de merde il avait oublié son masque. oui parce que le pouvoir d’athénodore était de contrôler la poussière, poussière à laquelle narcisse était allergique. ça lui faisait le même effet que le pollen, un peu, et il poussait des petits éternuements absolument adorables à chaque fois qu’athénodore se trouvait près de lui. génial.
tu abuses, maintenant viens. je te fais la courte échelle.
narcisse releva la tête pour observer la fenêtre, ayant la pensée amère de “je vais l’atteindre au moins ?” mais malgré sa petitesse, la courte échelle d’athénodore parvint à le faire rentrer dans le bâtiment. bon, lui au moins était rentré, et il s’éloigna de quelques pas pour observer athénodore entrer à son tour, et… ce fut très rapide pour narcisse, mais en quelques instants un toilette était cassé et un tuyau aspergeait ses vêtements blancs, le glaçant désagréablement et rendant ses sapes encore plus désagréablement transparentes. c’est fou comme on dirait le début d’un hentai, mais bon. narcisse, qui avait conservé la même expression faciale depuis le début de leur… mission - soit un visage inexpressif digne des plus grands joueurs de poker - et ce n’était pas cet accident qui allait la modifier. en plus il avait envie d’éternuer et se retenait autant qu’il le pouvait.
bon. je ne sais absolument pas s'il y aura une machine à bonbons. on verra bien.
narcisse le suivit, avant d’aggripper la manche de sa chemise pour le stopper et le forcer à se retourner vers lui, toujours infiniment blasé.
attends. j’ai - atchi - froid. on va me chercher des vêtements, d’abord.
heureusement pour lui le mini market comportait un tout petit rayon vestimentaire qui certes ne vendait pas des habits de très grandes qualités mais au moins ça lui ôterait la sensation d’avoir plongé habillé dans une piscine, quoi. il entraîna donc le plus jeune dans le fameux rayon, observant les sapes autour de lui. elles étaient vraiment dégueus pour la plupart, et c’était aussi en général les fringues que porteraient des quinquagénaires à moitié aveugle mais bon, il réussit à trouver un pull noir et un jean qui semblaient lui aller. sa plus grande déception résidant dans le fait que vu que le jean était un jean de femme, il n’y avait pas de poches à l’avant. juste, pourquoi. il observa les vêtements qu’il avait choisi un instant, avant de se tourner vers athénodore. il n’avait pas trop trop envie de se changer devant lui, mais en même temps il ne pouvait juste pas l’envoyer se balader dans le magasin, il serait capable de tout faire péter en cinq secondes. mais en même temps c’était gênant… il ne remarqua cependant pas qu’il avait un peu le rose aux joues alors qu’il prit la parole.
retourne toi. j’ai pas envie de me changer - atchi - devant toi.
Athénodore regardait les vêtements tous plus moches les uns que les autres, le dos maintenant tourné pour ne pas gêner Narcisse qui se montrait décidément adorable avec ses joues rouges et ses ‘a tchi’ aigües et ridicules.
“ N’empêche que, en plus d’être moches, ils sont hypers mal taillés les vêtements. ”
Il commença à faire le tour du rayon, constatant que oui bordel, ce n’était pas avec de tels vêtements que les habitants des cdc allaient pouvoir se mêler à la population et trouver un travail décent. Enfin, il n’y pouvait pas grand-chose, mais l’idée d’écrire un petit mot au vendeur de la boutique n’était peut-être pas si mauvaise. Alors, bien décidé à faire quelque chose pour ses pauvres yeux de fashionista, il traversa le rayon en sens inverse à la recherche du comptoir où il se mit à fouiller vivement, à la quête d’un bout de papier et d’un stylo qu’il trouva bien vite une fois le tout en bordel. “Ce serait sympathique de penser aux yeux des gens et de commander des vêtements un minimum beaux, et bien coupés, un au minimum, c’est un peu triste à voir.” Il signa d’un petit coeur et d’une plante adorable en souriant grandement, posant son papier bien en évidence sur la caisse.
Cependant, il releva bien vite la tête lorsqu’un bruit de métal se fit entendre. Il s’accroupit, de peur que ce ne soit un brigand de niveau supérieur au leur. Il n’avait clairement pas envie de courir ou de se taper sur la gueule en jupe. Quelle idée il avait eu putain. Une fucking jupe. Et si les flics débarquaient . Il était mal et ce n’était clairement pas Narcisse qui allait l’aider. Pas qu’il n’avait pas confiance en son pseudo don, mais non en fait, casser tout sur son passage n’était pas la meilleure des idées. Accroupi, il parcourut le chemin inverse pour retrouver son camarade en train de se changer. Bien loin de l’idée de le gêner ou même de le mater ne serait-ce qu’une seconde, il l’attrapa par les épaules pour le secouer, chuchotant.
“ Je crois qu’il y a quelqu’un d’autre dans le magasin. ”
En effet, un bruit de verre brisé se fit entendre à quelques pas d’eux, puis quelques exclamations plus ou moins discrètes à voix basses. Athénodore se redressa alors vivement, droit comme un piquet, il poussa Narcisse en avant pour s’en servir de bouclier, se fichant éperdument de sa nudité partielle.
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