☾ king of disaster.

les mains qui s’accrochent à sa peau, les ongles qui griffent, qui le retiennent. on hurle son nom, on cherche à le ramener à la réalité. sa vision est teintée de rouge, un rouge meurtrier, un rouge violence, un rouge qui l’étouffe. narcisse se noie dans la destruction, elle l’absorbe tout entier, son esprit devient d’un blanc éclatant, tout est clair alors qu’il perd conscience. et quand il se réveille, le silence, le lourd silence, plus personne pour l’observer, que des yeux vides, des corps sans vie, des cadavres de poupées étalés sur le sol. narcisse est seul et il a peur.

narcisse a un grand frère. il s’appelle evan. evan est parfait. beau, gentil, intelligent. maman et papa aiment evan, ils l’aiment tellement que narcisse se sent seul, des fois, mais quelle importance puisque evan est là, evan est beau, evan est parfait. narcisse devrait prendre exemple sur son frère et sourire, être parfait, tout le temps, tous les jours. et evan, il est malade. et un jour, evan, il est tombé, il s’est mis à tousser, à se sentir mal, soudainement il n’était plus parfait, non, il était malade. il est tombé sous les yeux de son petit frère, il est tombé et il ne s’est jamais relevé. evan est allé à l’hôpital, et il n’est jamais revenu à la maison. papa et maman étaient aux côtés d’evan, jusqu’à son dernier souffle, ils ont entendus ses dernières paroles, ont vu son dernier sourire, à quoi ressemblait son regard lorsqu’il est décédé.

narcisse était seul.

maman a vite eu un autre enfant. un petit frère. narcisse a un petit frère. il s’appelle evan. evan est parfait. petit, adorable, papa et maman font tout ce qu’ils peuvent pour protéger le petit frère, la petite perle de la famille. narcisse est seul, tapi dans l’ombre, il observe sa famille depuis sa chambre. quand la nuit tombe, les escapades commencent, narcisse apprend la vie de lui-même puisque personne n’est là pour lui montrer le chemin. il côtoie les pauvres gens, il voit la misère, il touche la pauvreté, inconscient de toutes les barrières que ses parents placent entre lui et sa vraie famille. bientôt, on le fait manger seul, dans sa chambre. qui sait, peut être que sa présence ferait tomber evan malade, et on ne voudrait pas que cela arrive, pas vrai ? evan est un grand, il sait se tenir bien même lorsqu’il est seul, on lui fait confiance. maman n’aime pas narcisse, elle le trouve sale, indigne, elle pense qu’il a sa place au fond des rues, parmi les chiens de chasse, en beau cerbère, arès parmi les rats.

narcisse dessine, parfois. il observe, aussi, coincé dans un angle de rue, le tatoueur qui encre les peaux, inlassablement, toute la journée. il observe, avec fascination, le liquide sombre imprégner la peau, en faire quelque chose de beau. narcisse est comme hypnotisé, et il se voit déjà, dans ce même salon de tatouage, être là, à la place du tatoueur, gagner sa vie. narcisse observe, et sans même s’en apercevoir, narcisse grandit. narcisse va au lycée, c’est un fantôme, une ombre, on chuchote dans son dos, on se murmure qu’il fait flipper, et narcisse est là, arès triomphant parmi les sous-fifres. on le cherche, on essaie de lui trouver des histoires, on essaie de se jouer de lui et narcisse revient à la maison les phalanges violacées la lèvre fendue la peau bleutée. narcisse s’acharne, un loup au sang destructeur, morphée devenant arès sous les coups et la colère, il ne frappe jamais le premier mais est toujours le dernier debout.

narcisse s’en va, en pleine nuit, l’horloge digitale de son portable indique sereinement 03:47 et narcisse passe la porte de chez lui, non ce n’est plus chez lui, c’est chez evan. asthéneia est un nom qu’il renie alors que ses doigts se crispent sur la hanse de son sac et il s’enfonce dans les ténèbres il est parti plus jamais ils ne le reverront. tatoueur, c’est bien ce qu’il est devenu, là où il voulait être, personne ne sait où est passé l’ancien propriétaire il est parti d’un coup lui aussi une nuit des bruits se sont faits entendre des bruits de conflits des bruits de mort et le lendemain c’était narcisse qu’on trouvait dans le salon avec les yeux vides comme d’habitude narcisse était bien là et l’autre avait disparu on ne savait pas trop où on osait pas demander on s’accommodait de la nouvelle réalité c’était narcisse qui tatouait maintenant à y repenser il n’y avait jamais eu d’autres propriétaires non.

les grands yeux de sirah le guettent, chez lui ils ne se disent pas grand chose il faut l’avouer après tout narcisse est muré dans un silence infini un silence de mort un silence insoutenable. narcisse ne parle plus mais quand il ouvre la bouche ses mots sont tranchants sa langue est cruelle on pourrait presque voir le poison s’écouler doucement, un, deux, un, deux, narcisse le serpent tentateur, la destruction dans le sang, la maladie sur son nom, le nom maudit.