and i was blinded by the light (aura)

oh, c’est aujourd’hui.
je m’avance et regarde par la fenêtre.
j’oublie toujours. il y a beaucoup de teintes de gris, mais pas assez pour me repaître. pas assez pour m’arracher un battement de coeur.
je souffle, effleure le rideau
melia, est-ce que tu me vois, de quelque part ?
est-ce que tu secoues la tête à chaque fois que mes phalanges s’ouvrent ? à chaque fois que je dois panser mes blessures, à chaque fois que je serre les dents pour étouffer un gémissement de douleur ?
tu m’as fait ce que je suis aujourd’hui, pourtant.
toi. papa. maman.
et je ne regrette absolument rien.
sans ça je n’aurais pas de but. j’ai besoin de ma balance.
je sais que chaque mouvement, chaque parole, chaque pensée est dirigée vers le même endroit. que mon minimalisme est dans l’efficacité.
je le surveille encore, tu sais.
celui qui t’a fait ça.
jamais je ne le laisserai te rejoindre. je ne suis pas si cruelle. et je crois qu’il aimerait ça, plus que tout. ce serait une grâce que de lui accorder la liberté. même une liberté par la mort.
je ne t’ai pas trahie.
cela fait dix ans, mais tu auras toujours mon dernier sourire. mon dernier vrai sourire. il est à toi. il ne sera à personne d’autre.
bien sûr que je fais attention. j’ai toujours fait bien trop attention, non ? et ces années à l’armée ne comptent pas. j’ai appris depuis à être discrète. il faut juste que personne n’essaie de me diriger.
je sais que tu n’aimes pas ce que je fais. mais je n’arrêterai pas. je ne sais pas si tu sais ce que ça fait, de ne pas se sentir vivante. jusqu’au moment où tu laisse ta trace sur ce monde, jusqu’au moment où tu as l’impression d’être quelque chose, n’importe quoi. je ne suis pas assez imbue de moi même pour affirmer que grâce à moi, la criminalité a même un peu diminué.
mais je fais de mon mieux.
ils sont nombreux derrière les barreaux grâce à moi.
ce n’est pas assez pour te rendre fière ?
je sais que ça ne le serait sûrement pas pour papa et maman. je préfère qu’ils croient les mots de mes lettres, je crois qu’ils le verraient dans mon regard si jamais nous étions face à face.
j’ai abandonné l’envie de faire d’Iridium un nom respectueux
j’ai envie qu’il se chuchote avec peur.
je suppose qu’il y a un peu de leur pourriture en moi, pour me sentir extatique de sentir leurs forces s’évanouir.
tant pis.
j’ai abandonné depuis longtemps les préoccupations futiles
je suis perdue depuis un bout de temps
mais c’est un secret.