Agapé Jeclahay ▬ i won't fall

Encore sur la glace, tu as mis ton entraînement de côté pour te laisser aller à tes rêveries. Tu te sens bien, tu te sais dans ton élément. Toi, l'enfant de l'hiver, tu as peut-être toujours été destiné à vivre dans le froid. C'est un environnement qui te correspond. Qui t'apaise. Que tu chéris. Doucement, tu te souviens de quand tu étais jeune. La nostalgie t'étreint et tu revois ce jour où tes parents t'ont offert ta première paire de patin. Tu étais si fier que tu étais monté sur la glace sans perdre de temps, si précipitamment que tu récolta ta première chute. Sous les rires de ton frère et avec l'aide de tes parents, tu retourna en piste. Est-ce que tu avais ça dans le sang ou est-ce que tes parents exagéraient, ça t'étais bien égal. Tu voulais continuer à les rendre fiers de toi, alors tu continua à patiner. Tant et si bien que tu aimais ça de plus en plus. Tu sais que tu aurai pu profiter du temps passer à la patinoire pour partager des choses avec ton frère, c'était ton jumeau après tout, vous ne deviez pas être si différents ... Mais tu préférais la plénitude que t'offrait le patin à glace. Presque tous les jours, après l'école, tu suppliais ta mère de t'emmener patiner. Tu ne te rendais pas compte que le weekend, quand tes parents restaient te regarder sur la glace, ton frère voulait faire autre chose. Il voulait peut-être jouer au foot, aller au cinéma ... Mais Agapé passait avant. Tes besoins, tes envies, tes soucis, ton avenir. Tu n'avais rien demandé de particulier, tu n'étais pas le fautif. Mais ton frère commençait à en avoir assez. Assez de te voir partout, de n'entendre parler que de toi et de tes exploits sur la glace. Tu ne pouvais rien partager avec lui si ce n'est  des réflexions méchantes et des mesquineries. Tant pis, tu continuerais sans lui. Rapidement, tu commençais à participer à des compétitions, mieux encore, à les gagner. C'était une sensation nouvelle pour toi, tu sentais que ça allait te donner une nouvelle impulsion, alors tu continuais. Ton entraînement prenaient le pas sur tes études, mais tu gagnais toujours les compétitions. Alors la décision fut prise. C'était le patinage avant tout, avant la famille, avant les études, avant tout le reste. Tu allais le vivre maintenant et tu allais le vivre pleinement alors tu quitta la maison pour suivre un entraînement intensif. Les championnats nationaux arrivaient à grand pas et il te fallait être prêt. Maintenant, c'était ça ta vie. Tu rentrais voir ta famille pour les fêtes, fier de tes accomplissements mais toujours accueilli par les méchancetés de ton frère. Tu n'aimais pas ce que tu prenais pour de la jalousie, de l'envie, un pauvre complexe d'infériorité. Ce n'était pas non plus de ta faute si c'était toi qu'on avait appelé Agapé. Toutefois, il t'énervait sûrement autant que tu l'agaçais et ça ne donnait jamais rien de bon.

Tu étais devenue une étoile montante. Tu aimais le statut, ça te rendait fier de tes capacités, mais tu n'aimais pas les inconvénients que ça impliquait. Les journalistes, tu les fuyais comme la peste. Ta vie n'avait rien à voir avec tes performances et il n'y avais rien de plus à dire. Rien de personnel du moins. Tu as toujours préféré rester concentré. Après tout, le patinage n'était pas un simple passe temps, c'était devenue ton quotidien et pas une simple excuse pour devenir célèbre. Le grand succès arriva d'ailleurs quand tu réussi à devenir champion olympique. Tu n'y crois toujours pas, mais tu a bel et bien hérité de ce titre à tes dix sept ans. Tu ne pouvais pas rêver mieux, tu avais touché au but, tu avais atteint ton objectif ultime. Tu y étais, au sommet, tu étais le meilleur et tu ne voulais surtout pas redescendre. Alors tu redoublais d'effort dans tes entraînements, tu devais rester au meilleur de ta forme et surtout ne pas te reposer sur tes lauriers. Tout se passait bien. Tout se passait comme tu l'avais prévu, plus ou moins. Mais tout allait déraper. Il suffit de quelques années de réussite pour que le ciel se venge, littéralement, et vous fasse payer pour tout et n'importe quoi. Pourquoi il a fallu que ça tombe sur Archibald ? Et sur toi ? C'était du délire. Tu as perdu Archibald, tu as gagné Vanitas. Un échange étrange, pas forcément juste, mais c'était comme ça maintenant. Tu savais que si tu pétais les plombs, ça ne s'arrangerait jamais, alors tu as pris une décision : toujours garder ton calme. C'était ta force, ça l'avait toujours plus ou moins été. Il fallait maintenant qu'elle serve pour de bon. Surtout quand tu te rendis compte que tu voyais plus de monde que le commun des mortels. Toi qui ne t'étais jamais posé aucune question sur la mort, c'était elle qui était venue à toi. Par la femme de Noah, par Rhéa. Cette histoire de cercle et d'étoile avait bousculé ton quotidien si bien orchestré. Une nouvelle épreuve à surmonter. Un défi que tu n'appréciais guère, mais tu avais Vanitas avec toi et tu te sentais capable de beaucoup avec lui à tes côtés.