we hide our emotions under the surface ☰ nessie.

La vie, cette salope.
C'est certainement ce qu'on pourra écrire sur la tombe de Nessie quand la vie aura finalement réussi à l'achever. Ses parents, elle ne s'en souvient pas vraiment, ils l'ont faite, elle et ses quatre frère, et ils sont morts. Un accident d'avion, un truc qui arrive qu'aux bourges v'voyez. De toutes façons, déjà à cette époque ils préféraient partir en vacances et faire la une des magazines que d'apprendre à la petite brune comment s'attacher aux gens et comment vivre sainement des relations fraternelles. Parce que oui, il y eut Nessie, puis il y eut Blaise, un an après. Blaise, il était parfait. Blaise, s'il avait pu, ça aurait été son jumeau. Ils étaient tout le temps fourrés ensemble, et une chose en entraînant une autre, Blaise fut aussi son premier baiser.

Jamais personne ne su s'il se passait vraiment quelque chose entre les deux ou si c'était juste le fait que la fratrie soit tout le temps fourrée ensemble qui laissait planer des doutes. Nessie fit tout ce qu'elle pu pour élever ses frères, aidée par les nourrices et divers gouvernantes, mais déjà elle voulait tout contrôler. S'il y en avait une qui parlait mal à l'un de ses frères, elle était virée. Tout simplement. Nessie était riche, depuis que ses parents s'étaient crashés, mais elle n'était pas stupide. Bien sûr, l'adolescence ne fut pas une période facile pour elle, parce qu'elle devait déjà tout apprendre des affaires, et gérer ses frères, parce qu'elle devait déjà prendre des décisions économiques sur sa fortune, et elle dû grandir vite. Trop vite.

Et finalement, lorsqu'elle atteint ses 21 ans, elle décida d'organiser une semaine de vacances pour resserre les liens avec ses frères. Juste tous les cinq, pas de conseillers, pas de journalistes, dans leur maison de campagne. Seulement, il y eut un accident, un accident comme il en arrive tous les jours, un accident comme il en arrive beaucoup aux de Rosalie. Elle se réveilla en plein milieu de la nuit, son lit vide, froid de l'absence de Blaise. Et pourtant, il faisait chaud, trop chaud, les flammes léchaient déjà les murs du couloirs qui menait à sa chambre. Elle était coincée. Le reste est encore un peu flou, dans ses souvenirs, elle cherchait à s'extirper des flammes, puis il y eut Blaise, des cris, la chaleur, la douleur, et elle se souvenait juste de s'être retrouvée dehors, serrant les mains des deux plus jeunes dans les siennes, Blaise absent. Jamais il ne reviendrait.

Les journaux titrèrent pendant des semaines sur l'événement, celui qui était presque montré du doigt pour prendre la main sur la fortune familiale était réduit en cendres. Nessie n'avait jamais été considérée comme capable. Nessie était une femme, les femmes enfantes, elles créent. Elles n'ont pas les dents assez longues pour gérer ces situations. Et pourtant, Nessie fut exemplaire. Elle se détacha du reste de la famille, débarqua au siège de De Rosalie, vira la moitié du personnel et commença à tout faire. Il fallait combler le chagrin, il fallait se donner une raison de vivre. Si Blaise n'était plus là, il lui fallait quelque chose de plus réel, quelque chose dans lequel elle excellait, et bientôt elle décida que l'argent pourrait la consoler.

Oh, bien sûr, ça restait un pieu mensonge. Aucune liasse de billet ne pourrait tarir le flot des larmes qu'elle versait la nuit, lorsqu'elle se retrouvait finalement seule dans son lit, mais c'était toujours un matelas confortable. Et elle commença à se dire que si la vie avait décidé d'être une salope, elle déciderait que le bien et le mal, elle pouvait toujours s'asseoir dessus. Nessie était maligne, elle contacta les meilleurs et les pires business man de Polaris, et fit les pires et les meilleures alliances. Elle savait détruire quelqu'un, elle savait ce qu'il fallait dire dans les magazines, on lui avait apprit à sourire, à être fausse. Alors ce serait facile. Et ça le fut.

Mais, un jour qu'elle sortait des CDC, elle tomba sur un jeune homme. Et ça aurait très bien pu rester "un jeune homme des cdc" mais non. Sirius. Elle ne su pas exactement ce qui chez lui la chamboula autant. Mais ça arriva. C'était peut-être juste sa façon de la faire se sentir entière, d'arriver à la faire rire, et à la faire pleurer. C'était peut-être juste par sa façon d'être si humain finalement. Quelque chose qu'au fil des mois, elle avait oublié d'être. Mais l'idylle en resta une, un matin Sirius était parti, et jamais elle ne le revu.

Deux ans plus tard, rien n'avait changé. Elle ne s'écroula pas, parce qu'Althéo était là. Althéo était son âme-soeur, certainement la perle qui manquait à sa vie. Ils avaient des points communs - trop - et trop peu de différences. Et tout leur tomba dessus, mais il était là. Il était là et qu'est-ce qui pouvait rendre les choses si graves ? Sirius, sans doute. Sirius, revenu parmi les vivants. Sirius, qui reparaissait dans sa vie alors qu'elle organisait son mariage - un mariage d'intérêt, mais un mariage quand même - avec une personnalité publique. Elle qui ne croyait plus à l'amour depuis qu'il était parti, elle qui était retombée dans sa froideur et son intérêt.

Elle était perdue.
Mais elle était en vie, et c'était déjà quelque chose.