i wish people had crushes on me (oz)

Tu te souviens de comment ça faisait les deux mains sur son dos, tu te souviens quand tu l’as regardé plonger du haut de cet immeuble. Tu te souviens du sentiment que t’as ressenti quand tu l’as entendu ce bruit plus bas. Tu te souviens de ce que tu t’es dit ce jour-là. Tu te souviens de ce « bon débarras » qui s’est extirpé de tes lèvres. Ton cœur, il s’est tout de suite senti moins mal alors que ça aurait dû être l’inverse. T’aurais dû vomir, t’aurais dû lâcher de la bile, mais non la seule chose que t’as lâchée, c’est un soupir. Celui qui soulage, celui qui apaise, putain t’étais bien.

Oz. Elle l’a prononcé comme une prière ce nom, le dernier, le printanier, celui qu’on n’attendait pas, mais qui s’est tout de même pointer. Oz, il est issu de son corps en ruine, de ce vestige qu’elle arrive tout de même à entretenir grâce à ses belles opérations esthétiques. Clarion la divine, belle poupée en plastique, ça se dégonflerait si ça rencontrait une épine. Oz, c’était le dernier de la petite lignée. Le petit frère, la poussière derrière ses grands qui n’étaient déjà même plus des enfants. Ils ne peuvent même pas grandir ensemble, il y a des fossés qui le séparent, des grandes lunes effilées qui se sont agglutinées durant des années d’insouciance où l’on ne croyait rien pouvoir faire germer. Oz, au moins, il est plus libre, il peut prendre les courants qu’il veut pour le porter il ne sait où. Il peut voler là où il le décide, car il n’est pas héritier de cet empire immobilier. Ce n’est pas le cas de son frère et de sa sœur qui se doivent d’être les gardiens cette fortune qu’ils devront un jour caresser sans se faire manger. Oz, lui, il se tient loin de cette bête, trop de dents, trop de besoins, il risquerait de perdre une main, il n’est sûrement pas assez malin. De toute façon, il peut suivre ses désirs le petit prince, ceux qu’il cultivera dès l’enfance en regardant le royaume des possibles depuis son château aux vitres transparentes. Des tâches imprécises sur la feuille immaculée, ça deviendra plus net au fil de l’âge, les croquis s’établiront avec moins de faiblesses, les traits plus sûrs et moins obscures. Le dessin, emprisonner un monde dans un simple support, c’était quelque chose de beau et grandiose.

Ses lèvres sur les siennes, tu les sentais toujours, c’était comme une éternelle empreinte que tu ne pourrais jamais enlever malgré toutes les autres marques et baisers que tu pouvais laisser pour t'en laver. C'était comme un trop grand incendie que tu ne pouvais pas contenir. Il était horrible, il était lumineux, tu crois bien qu’il t’a brûlé, tailladé, tu n’aurais jamais pu cicatriser s’il n’avait pas sauté.

L’école, c’était facile. Une petite étape dans ce grand parcours où l’on a aucun problème pour se faire des amis. Des enfants riches, des enfants bourges, des enfants dorés et argentés, un uniforme leur montrait qu’ils venaient toutes des mêmes sphères, celles qui planent haut dans le ciel, dans les sommets de ses tours toujours plus grandes et terrifiantes qui semblent vouloir atteindre les étoiles. Oz, c’était un bon camarade, celui dont on ne pouvait se passer, car il était trop humble et aimable, il savait écouter et parler, tout fermer ou tout voir. Au grade supérieur, c’était pareil, c’est à peine si on change d’atmosphère. On a la voix qui descend et ce corps qui monte, mais aussi non, rien ne change. Ah si, il y a les hormones qui s’énervent, mais il leur dit gentiment de se taire. Pas encore, c’est trop tôt. Il se réserve pour le lycée, les belles années.

Il fait noir, il est là, et il fait noir. Ne pas pleurer, il va s’énerver, se taire et encaisser, se taire et faire comme si de rien n’était. Bientôt, il va s’en aller, il le fait toujours, il reste jamais plus longtemps qu’il ne le faut. Il crachera et ça sera fini, il sera enfin parti. Il va te salir encore, tu vas être crade et tout bancal. Tu ressembleras à rien, aujourd’hui encore, tu resteras dans ton coin. Parce que tu pues putain, ils doivent le sentir les autres, c’est pour ça que tu ne les approches pas. Il te secoue et toi tu tangues dans tous les sens.  Tu sors un truc, ça s'échappe.  «   Pitié que ça s’arrête. »  

Oz dans les couloirs, il est surveillé, Oz dans les couloirs, il est épié. Il ne pourrait dire à partir de quel moment il l'a capté ce regard. Le beau regard bleuté qui fait qu'on se perd dans l'azur, on se noie pour jamais se réveiller ou du moins pas entier. Il y a les poumons qui manquent à l'appel, et même le cœur qui sonne sourd. On ne peut pas respirer, on ne peut même pas se battre. On meurt, c'est tout. Pour revivre faut tuer, assassiner celui qui nous a tout volé. Oz, c'était l'insecte attiré par la lumière trop flamboyante. L'autre l'a bien compris, il l'a isolé, l'a pris dans ses filets puis c'était fini. Qui pourrait dire qu'il n'a pas consenti alors que dans ses yeux ça brillait, ça brillait tous les jours quand il le regardait. Des larmes, c'était des larmes.  

Tu souris. Un cadeau offert à l'avenir. Au destin qui t'avait sauvé de ces affreuses années de prisonniers. Le loup broyé, le loup fracassé. Tu ris. Tu danses vêtu tout de noir dans ton costard impeccable. Tu l'avais poussé dans la cheminée donnant à la mort un festin. Qu'elle se régale et lèche tes doigts souillés. Tu respires, tu vis, tu cries.

Oz, il a maintenant vingt ans, il est resplendissant. Personne ne serait capable de voir la moindre cicatrice, à moins de le laisser trop longtemps seul dans le noir sans rien pour décorer ni même jouer. Oz, aujourd'hui, il a un corps en guimauve, il fond à cause d'une petite fille depuis maintenant un an. Oz, à présent c'est un serpent qui trompe les cauchemars avec un peu de compagnie. Il se laisse emporter par la vie, c'est très joli.

[je suis désolé pour l'histoire un peu cliché mais c'est le pouvoir qui m'a emmené vers cette piste. Je sais pas, le corps qui dégringole et en chewing-gum, ça m'a fait pensé à un traumatisme lié à celui-ci et le viol à été l'inconnu facile à trouver pour cette équation. Je m'excuse pitié pour moi please    ]