SIOBHAN HWANG ∇ DAMAGED LADY

cap ou pas cap ?

tu es la terreur du bac à sable. le monstre sanglant qui mord ses camarades, adorable dans ta robe bleue. la sauvageonne qui tire les tresses des princesses qui osent s'approcher trop près de ton château.

cap ou pas cap de te révolter ?

haussement d'épaules, soulèvement de sourcil, sourire caché à la commissure de tes lèvres. tu t'es fait exclure du cours d'histoire, entraînant ton voisin dans tes problèmes. tu le traînes dans les toilettes des filles, et il ne proteste même pas. il sait déjà comment tourne chacune de tes idées fabuleuses. tu sors ta paire de ciseaux de ta trousse. « froussard. » tu siffles, alors les mèches brunes de ta crinière s'éparpillent sur tes converse high. tu passes ta main dans la masse déstructurée. tu gagnes toujours à ce petit jeu.

cap ou pas cap de détruire ta famille ?

tu as séché, encore. un seul coup d’œil à ton téléphone et tu le sais. 26 appels manqués. tu sais que cette fois, ils ne te le pardonneront pas. tu as tout fait foirer. ces cours de danse stupides auxquels tu ne t'es jamais rendue, ces heures passées chez le dirlo à acquiescer à tout ce qu'il disait tout en l'insultant intérieurement. ta colère explose contre un mur. tes phalanges blanchissent jusqu'à se tâcher de leur propre rage. finalement, une âme vient te cueillir, te protéger. elle te donne un sanctuaire, elle t'offre un endroit où te défouler. coincée dans la cage qu'est le ring, tu es seule face à ton adversaire. mais chaque coup asséné, chaque blessure te libère. ton équilibre reprend.

cap ou pas cap de briser des cœurs ?

« je te déteste. » mais tu restes fascinée par la couleur rosée de ses lèvres. la façon dont elles se mouvent dans un ensemble parfait. « tu n'es qu'une égoïste, je te hais tellement, si tu savais. » aucun mot ne peut sortir de tes lèvres, car tu revis toujours cette même scène, et tu sais exactement comment cela se termine à chaque fois. « dégage. » machinalement, tu attrapes les affaires qu'on te jette à la figure, impassible. tu es toujours dans cette transe, comme si tu regardais un film, comme si rien de ce qui ne se passait ne te concernait. « tu ne m'as jamais aimé. » tu clignes des yeux. voilà. ça y est. c'est dit. tu baisses le menton, et expires longuement. tu ne réponds rien, car tu sais au fond de toi, que c'est vrai. l'amour est un sentiment sauvage, que tu n'as pas encore réussi à apprivoiser.

cap ou pas cap de tout abandonner ?

la déchéance vint te cueillir sur ta frêle branche. tu ne pouvais plus continuer à te noyer dans cette vie misérable. alors tu as foutu tout ce que tu pouvais dans un sac en bandoulière, et tu as disparu dans la nuit noire. tu as passé la nuit dans une ruelle, sur un carton, et le lendemain, tu frappais à la porte de tous les magasins du coin pour trouver un job. parce que tu n'avais rien à part ton égo, des fringes déchirées, et des rêves pleins la tête. mais les rêves ne te nourriraient pas longtemps, tu le savais bien. pour te barrer, il te fallait de l'argent.

ce sont les sharhzahade qui t'ont ouvert leur porte. tu les as suppliés. tu ferais n'importe quoi. la plonge, le service, la caisse. tu apprendrais. et c'est comme ça que tu as eu un job. un vrai job qui t'a permis de te nourrir, de survivre. grâce à eux, le ciel étoilé qui te servait de toit fut remplacé par celui d'un studio. même si tu te battais tout le temps avec l'eau chaude et les cafards, tu étais au chaud. et en plus, tu avais hérité de quelques colocataires, histoire de t'assurer de ne jamais t'ennuyer. mais seule, le loyer aurait été trop élevé pour toi, alors tu ne faisais pas la compliquée. la vie t'avait offert une nouvelle chance. un nouveau départ. et elle s'apprêtait à le signer d'une façon encore plus effroyable.

cap ou pas cap de tout recommencer ?

tu détestais les mômes, alors on t'offrit une petite peste. son nom était sirah. malgré son sourire angélique, cette gamine était clairement possédée par un esprit diabolique. tout du moins, ta thèse sur la chose restait qu'elle avait besoin, soit d'une exorcisation, soit qu'on la jette sous un bus pour vérifier que son sang n'était pas vert, comme celui des aliens.

tu étais seule. tu avais besoin d'une meute. alors elle t'en offrit une. une poignée d'inconnus qui deviendraient des aimants dans ta vie. mais tu avais également besoin de force pour vaincre ce qui t'attendait. alors on te donna un pouvoir. ou plutôt, on te transforma en bulldozer humain.

alors tu passais tes nerfs dans la salle de boxe, et ton partenaire était ce bon vieux ninmah. il faut bien avouer que son sourire ravageur te tapait clairement sur le système, et qu'avec tout ce qu'il se passait, tu avais bien envie de lui retirer son petit air satisfait de sa gueule d'ange. résultat : tu le fis planer sur quelques mètres. voilà. la gamine possédée t'avait transformée en monstre à ton tour.

après on te demandait pourquoi tu ne voulais pas d'enfant.